Joyeux 4 mai à tous! (« May the 4th Be With You »). Aujourd’hui, c’est la journée où l’on célèbre la saga Star Wars dans le monde entier. Je suis un grand admirateur de ces films et ma femme a opposé son veto quand j’ai voulu appeler notre deuxième jumeau Han. J’aurais tellement aimé être ce père au parc qui appelle ses enfants en criant « Luke, Han, c’est l’heure de rentrer! » Finalement, nous avons opté pour Luke et Mason, le nom de Mason étant inspiré d’un personnage de la série télévisée Dead Like Me.

Depuis le début du second mandat du président Trump, plusieurs politiques ont été mises en œuvre pour, selon ses mots, redonner à l’Amérique sa grandeur. On pourrait dire que l’empire contre-attaque. Alors, quelles sont les préoccupations économiques sur lesquelles ses politiques se concentrent, comment les marchés ont réagi et comment j’évaluerais les réalisations à ce jour?
Déficit commercial : B
Le consommateur américain a longtemps été le moteur de la croissance mondiale, les États-Unis importent systématiquement plus qu’ils n’exportent. Il y a quelques particularités dans ces calculs, notamment en ce qui concerne les grandes entreprises technologiques, mais la tendance a historiquement été forte. En 2024, les États-Unis ont importé environ 1 billion de dollars de marchandises de plus qu’ils n’en ont exporté. La force du dollar américain par rapport aux autres devises n’a fait qu’accentuer ce phénomène (les importations deviennent moins coûteuses, tandis que les exportations se renchérissent).

Les initiatives de politique tarifaire visent à rééquilibrer ces chiffres commerciaux en rendant les importations aux États-Unis plus coûteuses, diminuant ainsi la demande tout en rendant les produits fabriqués au pays relativement moins chers. Jusqu’à présent, l’annonce et la mise en œuvre de ces politiques tarifaire semblent avoir paradoxalement accéléré les importations, les consommateurs et fabricants anticipant ces mesures en devançant leurs achats.
Inflation : C-
Une part importante de la campagne de Trump était centrée sur la réduction de l’inflation. L’inflation est une taxe pour ceux qui n’ont pas de patrimoine. Elle tend à entraîner des augmentations des prix des actifs (ajoutant à la richesse) mais réduit le pouvoir d’achat des revenus. Par conséquent, les classes inférieures et moyennes sont beaucoup plus durement touchées que celles qui possèdent des actifs. Jusqu’à présent, les attentes du marché concernant une baisse de l’inflation ne se sont pas matérialisées, les prévisions d’inflation demeurant à des niveaux élevés. Le marché oscille entre les préoccupations liées à une inflation accrue (due aux tarifs douaniers et à une immigration réduite) et les potentielles diminutions de la demande caractéristiques d’une récession.

Rendements obligataires : B-
Trump et son secrétaire au Trésor, Scott Bessent, ont tous deux clairement indiqué qu’ils aimeraient voir un rendement plus faible sur la dette publique américaine. Ils ont plusieurs raisons pour cela, mais principalement parce que ces rendements reflètent le coût de la dette publique. Le Trésor américain est actuellement endetté à hauteur de 36 billions de dollars, ce qui, aux taux actuels du marché, génère plus de 1 billion de dollars par an en frais d’intérêts.
Initialement, le marché obligataire a réagi favorablement au duo Trump-Bessent, avec une baisse des rendements des obligations gouvernementales américaines. Cependant, suite aux annonces tarifaires, on a observé des sorties de capitaux mondiales du marché obligataire, poussant rapidement les rendements à la hausse. En fait, le mouvement a été si violent début avril que beaucoup craignaient un scénario similaire à celui de Liz Truss, rappelant la réaction du marché obligataire britannique à sa première et unique proposition budgétaire pendant son mandat de Première ministre. Les rendements obligataires ont baissé depuis l’élection de Trump, mais demeurent caractérisés par des niveaux d’incertitude très élevés.
Dollar américain : A
Un dollar américain fort a été l’un des nombreux facteurs contribuant au déficit commercial croissant des États-Unis. Sa vigueur a permis des importations moins chères tout en rendant les exportations plus coûteuses, aggravant ainsi le problème. Cependant, avec les déficits du compte courant, il doit nécessairement y avoir un excédent du compte de capital. Les dollars excédentaires utilisés pour payer les importations ont été largement réinvestis dans les actifs américains via les marchés financiers.
Récemment, nous avons observé des sorties de capitaux des États-Unis (tant en actions qu’en obligations), entraînant une baisse de la valeur du dollar américain et une appréciation de la plupart des autres devises. Les valeurs refuges comme le franc suisse, le yen japonais ou le grand gagnant, l’or, se sont appréciées alors que les investisseurs étrangers vendaient leurs actifs. L’affaiblissement du dollar américain (illustré ci-dessous par rapport aux partenaires commerciaux) devrait contribuer à réduire le déficit commercial, mais a peut-être diminué l’attrait des actifs américains.

source: Finviz.com
La période a été difficile pour les investisseurs mondiaux habitués à ce que les marchés américains offrent un havre de sécurité en période de turbulences. Traditionnellement, les pertes sur les actifs étaient compensées par des gains tant sur le dollar américain que sur les bons du Trésor.
Dans l’ensemble, du point de vue des marchés, le bilan n’est pas catastrophique. Il faudra du temps pour comprendre les implications à long terme de toute cette agitation sur les décisions d’investissement et d’embauche des entreprises. Les effets secondaires sont généralement plus graves et plus durables.
Verrons-nous Le Retour du Jedi ou apercevons-nous déjà Un Nouvel Espoir? Bonne journée Star Wars à tous, spécialement de la part de quelqu’un qui peut se promener dans sa maison en déclarant: « Luke, je suis ton père ».
Mes meilleures salutations,

Stephen Harvey
Chef des investissements
Sagard Patrimoine