Bon dimanche à tous.
Depuis vingt ans, l’investissement passif était la solution facile pour gérer un patrimoine. Mais les temps changent. Nous assistons à un virage majeur où le choix des actifs et la gestion active redeviennent essentiels pour générer des rendements intéressants.
On le sait depuis longtemps : l’allocationd’actifs détermine 80 à 90 % des variations de rendement d’un portefeuille. C’est la décision qui compte le plus. Mais aujourd’hui, bien répartir ses actifs demande à la fois une conscience des enjeux macroéconomiques et une compréhension approfondie des objectifs du client. Les gestionnaires qui prennent des décisions actives et réfléchies auront donc un impact beaucoup plus grand sur les résultats et sur la performance des portefeuilles.
Depuis l’arrivée de Trump en janvier, les marchés sont dominés par le bruit plutôt que par les signaux. Les investisseurs peinent à trouver des tendances claires auxquelles s’accrocher et les stratégies gagnantes d’hier ne fonctionnent plus nécessairement aujourd’hui
Pendant deux décennies, la Bourse américaine a écrasé la concurrence. Le S&P 500 a surclassé tous les autres marchés au point où les États-Unis représentent maintenant 65 % de la capitalisation boursière mondiale. Pourquoi un tel succès? La rentabilité supérieure des entreprises américaines, bien sûr, mais aussi les flux de capitaux massifs générés par le déficit commercial. Chaque dollar de déficit commercial revient aux États-Unis sous forme d’investissement en bons du Trésor, immobilier, actions, etc.
Cette domination américaine était une aubaine pour les investisseurs. Plus vous misiez sur les actions américaines, meilleurs étaient vos rendements. Le dollar américain lui-même ne cessait de grimper, dopé par ces entrées de capitaux. Pour un investisseur international, la meilleure stratégie consistait à allouer massivement aux actifs américains tout en profitant de la vigueur du dollar.
Mais voilà que plusieurs facteurs annoncent un renversement de situation. Après vingt ans de surperformance et de valorisations gonflées, même un léger changement dans les flux de capitaux pourrait bouleverser la donne.
Le premier facteur? Trump et sa guerre commerciale. Son objectif : réduire le déficit commercial américain. Avec les tarifs douaniers qui renchérissent les importations, les Américains se tourneront vers des produits locaux moins chers. Résultat : moins de déficit commercial, donc moins de dollars à recycler dans les actifs américains par le reste du monde.
Ensuite, les grands investisseurs internationaux commencent à se méfier. Les bons du Trésor américain ont fait perdre de l’argent trois années de suite, et 2025 s’annonce mal. Il semble raisonnable que les allocateurs internationaux achètent moins de bons du Trésor américain, ou du moins pas au même rythme. Il est probable que les grands allocateurs internationaux, qui s’inquiètent de leur exposition aux actifs américains, réduisent leur allocation stratégique. Des réductions dans les allocations créeraient des sorties supplémentaires des actifs américains et du dollar.
Pendant ce temps, d’autres régions deviennent plus séduisantes. L’Europe relance ses dépenses, notamment dans la défense, après dix ans d’austérité. L’Allemagne vient de lancer son plus gros plan de relance depuis sa réunification. Le Japon sort enfin de trente ans de déflation, avec des valorisations boursières bien plus raisonnables qu’aux États-Unis. Quant aux marchés émergents, qui empruntent en dollars, un dollar plus faible leur donne de l’oxygène. Bref, après des années de sous-performance, le reste du monde offre des occasions à saisir à des prix attrayants.
Dans ce contexte, les portefeuilles traditionnels pondérés selon la capitalisation boursière risquent de décevoir. L’approche passive qui a si bien fonctionné pendant vingt ans pourrait devenir un boulet. Il faut repenser la répartition d’actifs, partir d’une feuille blanche.
C’est là que la gestion active prend tout son sens. Une gestion active solide adopte une approche plus pragmatique, avec la capacité de s’éloigner de ces tendances en déclin. Déployer une gestion active aujourd’hui sur les marchés traditionnels et alternatifs constitue un excellent moyen de diversifier un portefeuille existant.